anonymous
2011-01-10 05:35:27 UTC
Bah voilà vendredi de la Saint Sylvestre, je me suis rendu à un bal masqué accompagné de mon ami Gonzague dans un appartement parisien bien cosy du 8e arrondissement.
J’avais opté pour un costume de gentilhomme du XVIIe, perruque, jabot en dentelle, brocart de velours bleu, ainsi que des bas de soie blanc recouvert à mi-mollet par une culotte très serrée (si serrée, que j’avais préféré ne pas porter de sous-vêtements dans un souci d’esthétisme et de confort).
Nous étions guillerets à l’idée de cette soirée magique que nous allions passer …mais hélas, une fois sur place, la contrariété nous submergea sur le pas de la porte.
Eh…oui, étourdis par la joie de l’invitation, j’avais omis de mentionner à Gonzague que le bal costumé avait pour thème le romantisme du XVII et XVIIIe siècle.
Gonzague avait revêtu pour l’occasion un costume de saucisse de Morteau en latex rembourré (costume très réaliste, souvenir d’un ancien emploi en tant qu’animateur lors d’une foire gastronomique provinciale) et fut refoulé sur le palier pour non-conformité.
Contrarié par la vue d’un Gonzague déçu et rebroussant chemin, j’imaginais dans ma tête un commentaire lancinant d’un Frédéric Mitterrand ému, s’exclamant :
-« Gonzague achèvera son année, seul, dépité… dans sa petite chambre de bonne insalubre, une Valstar à la main et s’endormira, avachi sous le poids de la déception et de son costume étouffant, devant l’interminable générique de fin de l’émission de télévision de Patrick Sébastien ! »
Bref… désormais seul parmi la soixantaine de convives inconnus, je m’adaptai très vite à mon environnement, repérant, près de l’appétissant buffet, une superbe femme ; pulpeuse marquise aux imposants fruits mures et charnus débordant de sa guêpière, et laissant entrevoir derrière un loup de velours, de magnifiques yeux noirs envoutants !
Accrochant son regard, je m’approchai de ma proie en affichant un volontaire sourire à la Jean Ferrat et lui déclara :
-« Est-il vrai qu’un certain romantisme sommeille au cœur de toute femme… ? »
Hélas…je n’entendis de réponses car je fus saisi soudainement avec vigueur à la taille par un invité survolté par le rythme frénétique d’un Rondo Veneziano, m’entrainant alors dans une interminable farandole composée de l’ensemble des convives.
(Pour les ignares, la farandole a comme principe que les danseurs se donnent la main pour former une chaîne errante et marquée à chaque temps par des sautillements...une sorte de saga Africa de l'ancien temps...)
Bref…coincé entre deux marquis à la perruque encombrante, je perdis de vue mon être-aimée durant une bonne heure, mais heureusement, mes craintes de ne jamais revoir cette déesse se dissipèrent lorsque je la revis en compagnie d’autres charmantes damoiselles.
Je décidai donc cette fois d’user d’audace suite à mon échec précédent, en osant prendre place au sein du cercle et d’exécuter une série de révérences majestueuses pour attirer toute l’attention de ces courtisanes.
D’un pas volontaire, je pris place au centre, adressant un clin d’œil suave à ma proie, puis, je commençais à m’incliner lentement en écartant les bras.
L’assistance s’émerveillait devant ma prestance…encore une révérence à droite, à gauche puis de dos….et le jeu de la séduction pourrait opérer !
C’est alors que tournant le dos à ma conquête pour saluer les autres convives qui s’amassaient en attroupement derrière nous, je voulus forcer un peu plus mon inclinaison en prenant soin de bien tendre mon jambon au maximum pour faire pointer ma godasse sur le sol carrelé, quand…PATATRAC….mon collant me péta d’un coup sec à l’entrecuisse sous la cambrure et je sentis au même moment une douloureuse déchirure au niveaux des lombaires.
Outre le bruit du déchirement du textile, l’air froid que je sentis au niveau de mes parties génitales me rappela brusquement une autre réalité à double détente, celle que je n’avais pas mis de slip sous ce pantalon bien trop étroit !
La douleur, quant à elle, était si vive qu’elle m’empêchait tout mouvement, ne laissant place qu’à de ridicules onomatopées aiguës pour m’exprimer !
De ma proie... je ne sais pas vraiment, ce qu’il en est advenu…il me semble bien avoir perçu le son de sa voix au travers d’un rire hystérique parmi les autres railleries des témoins mais je ne saurais être totalement affirmatif sur l’auteur !
Je restais là… immobile, fléchi avec mes bourses frissonnantes ressortant par l’arrière de mes deux cuisses serrées !
Je me rappelle ensuite avoir fermé les yeux, et de me promettre de les rouvrir qu’une fois que je serais loin de cet endroit.
Ainsi coulèrent mes premières larmes de l’année au moment même où je rouvris les paupières sur ce froid brancard de la fourgonnette du Samu.
Alors voilà…et vous, avez-vous bien commencé l’année ?